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Loire 2100 - L'objet iconique des recycleurs : le recymètre

Date
Jul 2024
catégorie
Projets
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À travers le scénario d’une montée des eaux dans l’estuaire de la Loire en 2100, nous cherchons à explorer, par un exercice de fiction prospective, les comportements humains confrontés à la finitude et à la disparition potentielle de leurs lieux de vie. Idéaux, souvenirs, habitudes, mode de vie et d’organisation se retrouvent ainsi chamboulés... Cela engendre différentes visions de ce qu'« adaptation » signifie et implique sur les horizons d’actions.

« Il n’y a que les politiques et les médias qui pouvaient s’attendre à ce que le démantèlement de l’Estuaire se passe bien. Il suffit de venir sur le terrain pour constater les coups bas des gros du recyclage depuis l’avènement de la recyclabilité moléculaire et le succès du Recymètre », déclare Tiago, 87 ans, ancien gérant d’une casse automobile affilié aux « Recycleurs de l’Ouest ».

La période de transition, entre l’annonce et l’ouverture des digues, a laissé place à un démantèlement désordonné des infrastructures et des matériaux associés : rails, pylônes, câbles, etc. Cela a occasionné des tensions entre les grandes sociétés de gestion des déchets et les recycleurs de l’arrière-pays qui se sont regroupés dans la coopérative « Recycleurs de l’Ouest » pour peser sur les décisions. Ces derniers, renforcés économiquement par les politiques de recyclage et valorisation des déchets des dernières décennies, ont développé leurs propres outils et R&D, ce qui a nourri les tensions et mis fin aux ententes sur le partage de ce marché.

Des aménageurs publics comme la Samoa font appel à la coopérative pour organiser la « déprogrammation » des territoires dont ils ont la responsabilité, aidés par la recyclabilité moléculaire. Cette technologie, dont ils ont le brevet, a ouvert la voie à de nouvelles logiques de réemploi et fait bouger les législations, comme des indices et des notices de formulation des matériaux de construction, de garanties de reprise, etc. Elle permet notamment, à partir d’un matériau, d’en identifier les composants et de garantir le taux de transformation dans les matériaux sources.

Leur intuition a été bonne : « Et si on donnait à chacun la possibilité d’évaluer la recyclabilité moléculaire de ses objets ? ». D’où la création de cet objet désormais iconique : le multimètre de recyclabilité, plus connu sous le nom de Recymètre ! Peu cher, réparable et modifiable, il équipe tous les bricoleurs qui se respectent !

Auteurs

Création visuelle : Jacc&Co (studio graphique)

Cette fiction est issue de l'exposition Empreinte(s)

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